Objectif : montrer pourquoi le langage clair est plus difficile à maintenir en traduction et comment bien le faire.
Écrire clairement est une chose ; faire en sorte que cette clarté résiste à la traduction en est une autre. Dans des contextes multilingues comme celui de l’Union européenne, le langage clair doit franchir non seulement des barrières linguistiques, mais aussi culturelles. Cela crée des défis spécifiques qui vont bien au-delà du vocabulaire.
Le langage clair vise à rendre l’information facile à comprendre dès la première lecture. Or, de nombreux éléments qui rendent un texte « clair » dans une langue — comme des phrases courtes ou des tournures informelles — peuvent sembler artificiels, maladroits ou confus dans une autre. Les traducteurs doivent naviguer entre ces différences sans perdre la clarté, le ton ni l’intention du texte d’origine.
Certains contenus sont particulièrement difficiles à traduire simplement. Par exemple, le langage juridique ou administratif utilise souvent un jargon sans équivalent direct dans la langue cible. Même des idées simples comme « faire une demande en ligne » peuvent nécessiter une reformulation selon le fonctionnement local des services publics. Les normes culturelles influencent aussi la façon dont la politesse, l’autorité ou la distance sont exprimées.
Dans ce contexte, la transcréation — adapter le contenu au lieu de le traduire mot à mot — est souvent plus efficace. Elle permet aux traducteurs de réorganiser et réécrire les phrases pour qu’elles soient naturelles pour le public cible, tout en conservant le message et l’objectif de départ. C’est particulièrement utile pour des publics ayant des habitudes de lecture, des niveaux de littératie ou des attentes linguistiques différentes.
Par exemple, un simple message en anglais comme « Check your eligibility » peut nécessiter une explication plus longue et explicite dans une autre langue. La transcréation laisse cet espace d’adaptation, sans imposer une structure rigide.e
Certaines organisations choisissent même de rédiger des versions distinctes en langage clair pour chaque langue, à partir d’un même plan de contenu et d’objectifs d’accessibilité partagés. Cette approche demande plus de ressources, mais elle garantit souvent une meilleure clarté et une meilleure pertinence culturelle.
Une collaboration étroite entre rédacteurs, traducteurs et utilisateurs — ainsi que des tests dans la langue cible — reste essentielle pour réussir.
Réflexion :
Avez-vous déjà lu une traduction qui vous semblait « étrange » — même si les mots étaient justes ? Qu’est-ce qui la rendait peu naturelle ou confuse ?
À vous d’essayer :
Choisissez une phrase ou une expression que vous avez utilisée en langage clair (dans votre langue maternelle). Imaginez comment vous pourriez l’adapter — et pas seulement la traduire — pour qu’elle ait du sens pour un lecteur dans une autre langue ou culture.
Astuce
Concentrez-vous sur le ton, le niveau de formalité ou la clarté, pas seulement sur les mots.